L’Initiative ABE décerne à de jeunes Africains talentueux des bourses d’études supérieures et des stages en entreprise. L’objectif : leur permettre de travailler au Japon, ou de contribuer professionnellement à la création de liens entre Afrique et Japon.

«Quand j’ai découvert le programme, je me suis dit que c'était une formidable opportunité.»
Marieme Lette
Ancienne participante à l'initiative ABE
Mme Lette met au point un matériau de base de garniture de porte. Elle souhaite affiner ses compétences en travaillant dans une entreprise japonaise.
Marieme Lette travaille dans un centre de développement de la Toyota Boshoku Corporation, entreprise d'équipement automobile et aéronautique. Originaire du Sénégal, la jeune femme est arrivée au Japon en 2015 avec la deuxième cohorte du programme de master et de stages en entreprise de l'initiative ABE (African Business Education Initiative for Youth). Mme Lette est spécialisée en ingénierie mécanique. Une série de conférences organisées dans le cadre de ses études au Shibaura Institute of Technology lui a permis de faire des rencontres qui l'ont menée à un emploi chez Toyota Boshoku. « Quand j'ai découvert l'initiative ABE, explique-t-elle, j'ai senti que ce programme était fait pour moi. On nous offre non seulement une formation, mais aussi l'occasion de rencontrer les employés des entreprises japonaises. Mon objectif actuel est d'approfondir mon expérience professionnelle, et c'est pour ça que je reste ici. »
L'initiative ABE a été lancée en 2014. Présenté par le Premier ministre Shinzo Abe à la TICAD V en 2013, ce programme en trois ans maximum propose une formation d'études supérieures complétée par un stage dans une entreprise japonaise. À l'issue du programme, les participants, riches d'une spécialisation et d'un réseau acquis au Japon, ont pu lancer leur carrière dans différents domaines.

«L'initiative ABE m'a ouvert un monde. C'était une expérience... sensationnelle !»
Christopher Maitai
Ancien participant à l'initiative ABE

M. Maitai est responsable du marketing pour une entreprise japonaise d'apprentissage en ligne au Kenya. Il souhaite améliorer la qualité de la formation par des cours à distance, en utilisant notamment du matériel de présentation, des outils audio, des schémas, des textes, etc.
Si certains, comme Mme Lette, trouvent un emploi au Japon, d'autres choisissent de réintégrer leur pays d'origine pour y créer des liens avec le Japon. Le Kényan Christopher Maitai, qui faisait partie de la première cohorte, a étudié à la faculté d'ingénierie de l'université de Miyazaki. De retour au Kenya, il a repris sa profession de consultant, et a également lancé un service de formation par technologies de l'information et de la communication, en association avec KJS, une société japonaise d'apprentissage en ligne. C'est le hasard qui a réuni M. Maitai et le PDG de KJS au café de l'université, et, de fil en aiguille, le Kényan a fini par faire un stage au sein de l'entreprise japonaise. ThinkBoard, le logiciel de création de contenu vidéo de KJS, s'avère particulièrement utile dans un pays comme le Kenya, qui souffre d'une pénurie d'enseignants. À son retour au Kenya, M. Maitai s'est engagé comme médiateur entre KJS et l'université d'agriculture et de technologie Jomo Kenyatta, et se charge de promouvoir le logiciel sur place.

Sur les lieux de l'African Business Network Fair, en mars de cette année. Le salon favorise les opportunités de création de réseaux avec les entreprises japonaises.

Des membres assistant à Tokyo à une réunion du réseau Kakehashi Africa, créé par les anciens participants à l'initiative ABE.
À l'issue du programme, les participants mettent à profit les liens qu'ils ont tissés au Japon pour lancer leur carrière. Ils peuvent notamment compter sur l'African Business Networking Fair. En 2019, cet événement annuel a accueilli 114 participants à l'Initiative ABE, et environ 200 représentants de 100 entreprises. À chaque stand professionnel, de jeunes Africains discutaient avec enthousiasme des développements commerciaux de leur continent en racontant leurs expériences et en faisant la promotion du potentiel unique de leurs pays respectifs.
Par ailleurs, comme le soulignent Mme Lette et M. Maitai, l'initiative ABE permet aux participants de constituer des réseaux avec leurs homologues. Les anciens ont ainsi créé le réseau Kakehashi Africa (Kakehashi signifie « pont ») qui transmet des informations sur les réseaux sociaux à tous les diplômés et organise régulièrement des rencontres après leur retour dans leurs pays d'origine. Un rapprochement des participants actuels et anciens avec les entreprises japonaises commence à émerger sous différentes formes. « L'initiative ABE m'a ouvert un monde, nous confie M. Maitai. La formation que j'ai reçue, les amitiés que j'ai nouées, le réseau professionnel que j'ai construit, etc. C'était une expérience... sensationnelle ! »
Un tel enthousiasme de la part des anciens participants à l'initiative ABE permet d'espérer que l'horizon des échanges va continuer à s'élargir, grâce à leur médiation entre l'Afrique et le Japon.
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