Pour nos Tomodachi Été 2017

31/38

31À la « Japan Fair », une exposition organisée en septembre 2016 à Nairobi (Kenya) en marge de la Ticad VI (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique). AfriMedico participe à toutes sortes d’événements afin de promouvoir ses activités et de collecter des dons.L’influence du chef du village est très grande dans les villages tanzaniens. Pour introduire le système okigusuri, tout commence par une visite chez le chef, suivie de discussions.Le kit okigusuri d’AfriMedico comprend environ 10 produits pharmaceutiques différents. En plus de médicaments analgésiques et gastro-intestinaux, il contient un insectifuge ainsi qu’une trousse de diagnostic rapide du paludisme.Un kit okigusuri placé dans un village. Le paiement pour les médicaments utilisés est fait par téléphone portable à l’aide du système de transfert d’argent « M-PESA ». Il est envisagé, pour les années à venir, d’ajouter des produits médicinaux japonais aux kits okigusuri.système durable pourrait être mis en œuvre en grande partie par les populations locales elles-mêmes. C’est alors qu’elle a pensé à un modèle commercial de type okigusuri qui pourrait permettre aux habitants de jouer un rôle plus important dans la gestion de leur propre santé. Mme Machii explique qu’au cours des siècles passés, au Japon, il y avait trois facteurs qui faisaient que le système okigusuri était très utilisé : infrastructures sous-développées, absence d’assurance-maladie universelle, et cohabitation de la famille élargie sous le même toit. Ses recherches ont montré que de nombreux endroits au Niger, en Tanzanie, etc., répondaient aux mêmes critères et avaient des besoins significatifs, ce qui l’a conduite à les considérer comme des candidats potentiels pour un système de type okigusuri. Elle s’est dit qu’en transportant en une seule fois de grandes quantités de médicaments à différents endroits, il devrait être possible de réduire les coûts de transport. En outre, en utilisant l’argent gagné à travers le système okigusuri dans les villes où la demande est élevée, elle pourrait assurer une fourniture stable de médicaments aux villages isolés aux mêmes prix que ceux pratiqués dans les villes. C’est ainsi qu’en 2014, Mme Machii a créé AfriMedico avec une vingtaine de membres qui, comme elle, souhaitaient contribuer à améliorer la situation médicale en Afrique. L’organisation a démarré ses activités en bénéficiant des conseils d’un réseau de pharmaciens locaux en Tanzanie.Selon Mme Machii, « AfriMedico dispose d’une équipe locale d’environ 10 membres, constituée de pharmaciens et d’infirmiers tanzaniens. Cette équipe a pour rôle de sélectionner les médicaments nécessaires et de visiter les foyers où sont stockés les médicaments. Dans le même temps, nous, les membres de l’équipe japonaise, collaborons avec les entreprises pharmaceutiques japonaises, réalisons des enquêtes par interview en Afrique et travaillons à accroître notre visibilité là-bas par le biais d’événements et d’autres actions. »Aujourd’hui, plus de 50 maisons dans des villages de deux provinces de Tanzanie sont dotées du système okigusuri, qui est très apprécié par les communautés locales : « Les symptômes peuvent maintenant être traités avec des médicaments fiables grâce au système okigusuri. » Bien que le système soit désormais bien lancé, les ressources humaines et financières sont des problèmes auxquels l’organisation doit faire face pour élargir la portée de son activité. « Pour renforcer notre organisation, nous devons faire en sorte que davantage de personnes soient au courant de notre activité et la soutiennent », explique Eri Machii.« Dans les années à venir, nous allons travailler à la sensibilisation aux mesures anti-paludisme et à l’hygiène par le biais de groupes d’étude et d’événements, tout en cherchant à atteindre notre objectif final qui est que les populations locales puissent s’occuper davantage de leurs médicaments elles-mêmes », ajoute-t-elle.À travers les efforts d’AfriMedico, okigusuri est devenu un phénomène culturel qui relie l’Afrique et le Japon. Pour Eri Machii et son organisation, c’est un point de départ pour les défis à venir.