Pour nos Tomodachi Hiver 2016
27/38

27comparaison, les dépenses de sécurité sociale se chiffrent à 130 000 milliards de yens (1 250 milliards de dollars). Il y a quelque chose qui ne va pas quand on dépense aussi peu pour l’énergie, et particulièrement pour la technologie, dont le rôle est crucial pour la viabilité à long terme du pays, sans parler des promesses qu’elle tient en réserve. Récemment, par exemple, un groupe du département de Saitama a annoncé la découverte d’une nouvelle pile utilisant du magnésium à la place du lithium, avec à la clé une réduction de 96 % du coût des matériaux. La chaîne d’alimentation en énergie offre en fait d’immenses opportunités de refonte.Garder l’élanEn ce qui concerne la réforme fiscale, l’impôt sur les sociétés est passé de 35 % à 29 %, ce qui représente une grande victoire. Les entreprises se sentiront d’autant plus encouragées à investir. Le code des impôts a en outre été modifié en détail de façon à pousser la R&D à créer des incitations à l’amélioration de la qualité et de l’efficacité de l’investissement, ce qui devrait avoir un impact positif sur la productivité.À mon avis, l’augmentation appliquée en 2014 à la taxe à la consommation a été un faux pas, qui a fait dérailler la reprise. Mais depuis cette erreur, le Premier ministre a fait montre d’une grande résolution en repoussant deux fois une autre augmentation de cette taxe. Il a clairement fait comprendre aux ministères que l’argent n’entrerait pas et les a chargés d’améliorer l’efficacité et de couper les dépenses là où c’était possible. Il règne désormais une plus grande discipline dans les dépenses publiques, et c’est aux Abenomics qu’on le doit.Les dépenses publiques doivent contribuer directement à la croissance, que ce soit du côté de l’offre ou de la demande. Le train de mesures budgétaires qui vient d’être adopté par la Diète va dans le bon sens à cet égard, centré comme il l’est sur les secteurs – énergie, infrastructure, soins de santé et garderie – qui sont importants pour l’avenir du Japon, en raison du rôle essentiel qu’ils jouent dans l’accroissement de la productivité.Si l’on regarde au-delà des frontières du Japon, le Partenariat transpacifique (TPP) a une portée considérable. Il stimulera les échanges dans la région tout entière. Il est décevant de voir les États-Unis revenir sur leurs engagements, c’est une mauvaise nouvelle pour l’économie et la paix mondiales. J’espère que le Japon pourra aller de l’avant et faire du TPP un accord solide.De bonnes raisons d’espérerÀ travers les Abenomics, le Japon fait un usage coordonné des politiques monétaire, budgétaire et structurelle. Aucun autre pays n’a une approche de la politique économique aussi globale que le Japon. À mon avis, les Abenomics incarnent tout simplement l’orthodoxie économique. Les théories qui les sous-tendent n’ont rien de nouveau, mais l’idée qu’il faut les utiliser de concert et les mettre en œuvre de façon coordonnée est une leçon qui pourrait profiter à d’autres pays.Le Japon a bien des raisons d’être optimiste quant à son avenir. Il jouit d’une immense stabilité politique, sociale et juridique. L’ASF assure une régulation des marchés excellente et sans faille. Les Japonais travaillent dur, et c’est un atout considérable. Le niveau technologique est remarquable, avec des savants et des ingénieurs de grande qualité à travers tout le pays. Pour peu que leur interaction progresse, cette gigantesque réserve de créativité bridée s’ouvrira. Voilà autant de raisons d’espérer que le Japon parviendra à relever le défi de son histoire économique, à continuer d’accroître sa productivité et à rester une cible privilégiée du milieu mondial de l’investissement.Dr. Robert FeldmanÉconomiste en chef chez Morgan Stanley MUFG Securities, où il est spécialiste de l’économie du Japon, de ses marchés financiers et de sa politique. Diplômé en économie et en études japonaises de l’Université de Yale et titulaire d’un doctorat d’économie du Massachusetts Institute of Technology. Son engagement de plusieurs décennies aux côtés du Japon remonte à l’année qu’il a passée comme élève d’un lycée de Nagoya dans le cadre d’un programme d’échange scolaire.

元のページ 

page 27

※このページを正しく表示するにはFlashPlayer10.2以上が必要です