Pour nos Tomodachi Automne 2016
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22L’agriculture est la colonne vertébrale de l’économie du Kenya. 65 % des recettes en devises étrangères du pays proviennent en effet de ce secteur d’activité qui emploie environ 80 % de la population. Mais l’échelle des opérations reste modeste. 75 % des récoltes mises sur le marché proviennent de petites exploitations familiales. Il y a une dizaine d’années, les agriculteurs n’avaient pas d’autre choix que de vendre leurs produits à des intermédiaires fixant les prix comme bon leur semblait, ce qui ne leur assurait que de maigres rentrées d’argent. Depuis 2006, le Japon coopère avec le Kenya pour mettre en œuvre un Projet d’autonomisation des petits exploitants horticoles (SHEP) avec l’objectif d’augmenter les revenus des cultivateurs.Arisa Kikuchi est une employée de la JICA directement impliquée dans la réalisation du projet SHEP au Kenya. L’ambition du SHEP est de donner aux petits exploitants locaux les moyens de transformer leur activité en « agriculture en tant qu’entreprise ». Une des pièces maîtresses de ce programme consiste à organiser des réunions mettant les agriculteurs en contact avec des acteurs du secteur de l’industrie horticole. Grâce à ces rencontres, les petits exploitants sont en mesure de comprendre les besoins des acteurs du marché et d’étendre le réseau de leurs contacts. Ils peuvent aussi trouver des acheteurs adéquats pour leurs produits et se procurer des semences et des engrais à des prix plus intéressants par le biais d’achats groupés.La seconde pièce maîtresse du projet SHEP, c’est de faire réaliser les études de marché sur la rentabilité des cultures par des groupes d’agriculteurs. Quand les petits exploitants sont au courant de l’état de la demande, ils peuvent mieux choisir ce qu’ils cultiveront la saison suivante. D’après Arisa Kikuchi, « dans les autres projets, on confie en général les études de marché à des experts conseils alors que le programme SHEP insiste pour que ce soient les agriculteurs eux-mêmes qui les fassent. Ceux-ci ont besoin d’une aide approfondie qui est au cœur de l’assistance technique japonaise et joue un rôle essentiel dans l’enracinement et la durabilité de l’approche du SHEP. » Le projet SHEP comporte aussi une formation sur les questions de genre, un autre moyen efficace d’augmenter les revenus des petits exploitants. Dans beaucoup de familles d’agriculteurs du Kenya, les hommes décident souvent seuls en matière de plantations et d’achats. Les couples qui en parlent et prennent une décision commune sont relativement rares. « Après les sessions de formation sur les questions de genre, les discussions entre conjoints sont plus fréquentes. Les hommes semblent davantage disposés à prendre part aux tâches considérées jusque-là comme essentiellement féminines et à consulter leur femme au moment d’acheter du matériel. Quand un ménage fait l’acquisition d’une citerne à la demande de l’épouse, celle-ci est libérée du fardeau consistant à puiser de l’eau. Elle peut consacrer le temps gagné à l’agriculture et, ce faisant, accroître les revenus du foyer », ajoute Arisa Kikuchi. La mise en œuvre du projet SHEP s’est soldée par des progrès réguliers. Entre 2011 et 2014, le revenu réel horticole des familles d’agriculteurs impliquées a augmenté de 58 %. Leur niveau de vie s’est amélioré et elles ont pu, entre autres, envoyer leurs enfants dans un collège privé ou utiliser leurs gains pour se lancer dans une nouvelle activité. Le gouvernement kényan a reconnu que le programme SHEP a permis d’accroître les revenus des agriculteurs et entre 2010 et 2015, le SHEP a été appliqué dans 33 des 47 comtés du pays.D’ici 2050, la population de l’Afrique devrait doubler pour atteindre le chiffre de 2,4 milliards d’individus. Quand elle évoque l’avenir du continent africain, Arisa Kikuchi est très résolue. « Le développement d’une industrie manufacturière joue un rôle important dans la création d’emplois et la croissance économique. Mais pour beaucoup de pays africains, l’agriculture reste un secteur clé pourvoyeur du plus grand nombre d’emplois. Je souhaite m’investir dans des activités en faveur des moyens de subsistance des petits exploitants agricoles – autrement dit d’une grande partie de la population de l’Afrique –, en contribuant à la mise en place d’une “agriculture en tant qu’entreprise”. »Développer « l’agriculture en tant qu’entreprise » au Kenya

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