Pour nos Tomodachi Printemps 2016
29/36

29En 2001, un an après son arrivée au Japon, Maud Archambault a commencé à apprendre le shamisen parce qu’elle voulait se lancer dans une pratique artistique hors du commun. Mais elle était loin de se douter qu’elle finirait par plonger au cœur de l’univers on ne peut plus traditionnel de la musique populaire japonaise min’yo. Depuis treize ans en effet, cette jeune Québécoise a remporté de nombreuses compétitions de min’yo, tant et si bien qu’elle a attiré l’attention des médias non seulement au Japon mais aussi dans le reste du monde. Elle a même coanimé une émission de musique populaire diffusée dans tout l’Archipel. Et en 2014, elle est devenue le premier membre non-japonais de l’Association des chanteurs et des danseurs professionnels de musique populaire du Japon.La musique populaire traditionnelle japonaise est d’une grande richesse. Chaque région a son propre répertoire de chants et de danses. « Entre le min’yo et moi, ça a tout de suite fonctionné », explique Maud Archambault, mais elle avoue aussi que son initiation à ce genre musical aux multiples facettes s’est faite par étapes. Les enseignants de l’école du département de Saitama où la jeune femme étudie ont très vite repéré ses aptitudes et ils lui ont présenté peu à peu la musique populaire du Japon sous tous ses aspects, y compris des instruments comme le tambour taiko et différents styles de chants et de danses.Le min’yo transmis de génération en génération est l’incarnation musicale du patrimoine historique et culturel régional de l’Archipel. « La musique populaire raconte des lieux et des épisodes de tout le Japon », précise Maud Archambault en ajoutant que beaucoup de morceaux sont nés à la faveur d’événements saisonniers marquant la vie des communautés. « Il y a des chansons sur la cueillette des feuilles de thé ou le repiquage du riz. Beaucoup sont associées à des célébrations qui ont lieu au moment des fêtes ou d’autres occasions importantes. »Maud Archambault est devenue une très bonne interprète de musique et de chants min’yo. Elle sait jouer de multiples instruments et a réussi à maîtriser des techniques vocales particulièrement complexes. Il lui arrive aussi de devoir chanter dans divers dialectes de l’Archipel, ce qui n’est pas forcément évident. Mais le domaine où elle excelle le plus – celui qui lui a valu une licence professionnelle –, ce sont les danses populaires minbu. Depuis qu’elle a commencé à étudier cet art en 2008, elle s’est constitué un répertoire de danses régionales.Le minbu se compose d’un ensemble de mouvements d’une grande variété, à la fois fluides et gracieux, qui sont exécutés dans des costumes spécifiques. Maud Archambault est tombée amoureuse de ces danses populaires, mais ce qui lui plaît le plus, c’est la possibilité d’y apporter sa touche personnelle. « Chaque chant comprend des poses bien précises, mais les transitions entre ces différentes poses dépendent entièrement de l’interprète. »Une des danses préférées de Maud Archambault est Tsugaru Oharabushi, une œuvre flamboyante du nord de Honshu dans laquelle l’interprète utilise une ombrelle traditionnelle (kasa) et un éventail (sensu). Le minbu va souvent de pair avec des accessoires qui rehaussent l’histoire racontée par le danseur.Mais les danses populaires japonaises ne se limitent pas à un spectacle. Elles constituent aussi un moyen traditionnel de resserrer les liens avec les autres, en particulier lors du bon odori, une danse exécutée chaque été dans tout le Japon. « Quand tout le monde danse ensemble, les énergies se libèrent et chacun en bénéficie. »Pour faire comprendre les mérites du min’yo, qui selon elle est en train de décliner inexorablement au fil des ans, Maud Archambault s’appuie sur l’esprit communautaire propre à cet art. Outre des représentations destinées à faire connaître la musique populaire de l’Archipel à des spectateurs non-initiés, elle organise des petites réunions de formation sur le min’yo – auxquelles elle convie aussi bien des étrangers que des Japonais – ainsi que des ateliers programmés juste avant les grandes fêtes traditionnelles.Maud Archambault est prête à donner inlassablement des spectacles toujours plus nombreux à travers l’Archipel. Elle espère aussi qu’un jour, elle pourra faire découvrir la musique populaire traditionnelle japonaise au reste du monde. Mais en attendant, elle aimerait, pour reprendre ses propres termes, « commencer par faire découvrir le min’yo aux étrangers qui vivent au Japon ». La rencontre d’une Québécoise et de la musique populaire japonaise traditionnelle min’yo

元のページ 

10秒後に元のページに移動します

page 29

※このページを正しく表示するにはFlashPlayer10.2以上が必要です