Pour nos Tomodachi Hiver 2015
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Rakugo ou l’art de faire rireEn 1990, Diane Orrett était en train de parcourir le monde avec son sac à dos, lorsqu’une amie lui a suggéré d’aller au Japon. « C’est un pays où l’on peut voyager en toute sécurité », lui a-t-elle dit. La jeune femme a suivi ce conseil et c’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à Osaka. « Je ne parlais pas un mot de japonais, mais cela ne m’a pas posé de problème », se souvient-elle. « Les Japonais sont si gentils. »La jeune Britannique a visité l’Archipel pendant trois mois. Après Osaka, elle s’est rendue à Kyoto, Nara, Tokyo et Hokkaido. Mais c’est à Osaka qu’elle est tombée amoureuse du Japon et de sa culture. Elle s’est initiée à toutes sortes de disciplines traditionnelles : la poterie, la voie des fleurs (ikebana), l’art de porter les kimonos (kitsuke) et la cérémonie du thé (sado). Mais c’est en tant qu’interprète de rakugo qu’elle est devenue célèbre.Le rakugo est un art de la scène traditionnel japonais qui consiste à raconter de courtes histoires avec une chute comique et parfois même satirique. Les conteurs professionnels de rakugo (rakugoka) donnent régulièrement des spectacles dans des salles spécialisées. Pendant son séjour à Osaka, Diane a été présentée à Katsura Shijaku, un célèbre rakugoka qui lui a proposé de devenir son assistante de scène (ochako) pour ses spectacles en anglais. Voilà comment la jeune femme a fait connaissance avec le monde du rakugo.Quand Diane Orrett a vu Katsura Shijaku sur scène, elle a été complètement séduite par l’art du rakugo. « C’était quelque chose de naturel et de frais », explique-t-elle. « Il y avait quelqu’un assis sur un coussin. Avec un éventail et une petite serviette pliée. Il a captivé l’attention des spectateurs et les a entraîné dans un véritable voyage. » Elle a aussi apprécié l’humour propre au rakugo, qui s’accordait bien avec le sien. Cette découverte l’a encouragée à s’affirmer. « J’ai toujours aimé faire rire les autres, dès ma plus tendre enfance », précise-t-elle. « Mais quand j’étais petite, je n’avais pas vraiment confiance en moi. » Grâce au rakugo, la jeune Britannique a pris de l’assurance et trouvé sa vocation : faire rire les gens.Le premier spectacle en anglais de Diane Orrett a eu lieu peu de temps après. Il avait pour titre « Merveilleux Japon ». La jeune femme a joué devant 300 personnes. Depuis, elle est devenue une spécialiste du rakugo et elle donne des représentations aussi bien en japonais qu’en anglais. Elle est surtout connue sous son nom de scène, Diane Kichijitsu – daian kichijitsu, un jeu de mots qui signifie littéralement « jour faste, grande chance ».Diane Kichijitsu est allée dans plus de 45 pays pour présenter la culture japonaise qu’elle aime tant. Elle a donné des spectacles de rakugo aux États-Unis, en Inde, dans les Émirats arabes unis, en Norvège, en Finlande, en Estonie, et bien sûr, en Angleterre, son pays natal. Et elle a aussi joué dans tout le Japon.Les spectacles de Diane Kichijitsu ont touché de nombreuses personnes à travers le monde. Un de ses meilleurs souvenirs, c’est une représentation en anglais qu’elle a donnée à Oslo, en Norvège. « Les enfants ont vraiment apprécié », raconte-t-elle. « Après le spectacle, l’un d’eux m’a dit “Je veux aller au Japon”. J’étais enchantée de l’avoir fait rire et de lui avoir donné envie de visiter le Japon. »Diane Kichijitsu évoque aussi les moments qu’elle a vécus lors du terrible séisme qui a ravagé le nord-est de l’Archipel, le 11 mars 2011. Elle s’est portée volontaire pour rendre visite aux centres d’accueil où étaient hébergées les victimes de la catastrophe. « Quand je suis allée dans le Tohoku, j’ai décidé de mettre un kimono de couleur vive. J’ai donné des spectacles de rakugo et j’ai également porté un chapeau en ballons extravagant. Les gens s’asseyaient et ils me parlaient. Ils m’ont aussi fait de petits cadeaux. Et j’ai écouté leur histoire. » Un garçon a filmé le spectacle de Diane Kichijitsu. « Quand je serai triste, je regarderai la vidéo. Ça me rappellera des bons moments », a-t-il confié à l’interprète de rakugo. Celle-ci a été profondément émue par tant de sensibilité et de maturité.Toutes ces expériences ont permis à Diane Kichijitsu de comprendre que le rakugo est un art destiné à faire rire. « L’humour est quelque chose de vraiment important, presque toujours et pratiquement partout », explique-t-elle. Depuis son arrivée au Japon, il y a 24 ans, Diane Orrett a touché des gens dans tous les endroits où elle est allée. Et elle va continuer à faire rire le monde pendant encore bien des années.31

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