Pour nos Tomodachi Printemps 2019
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Je voudrais aujourd’hui vous La sève est extraite goutte à goutte en pratiquant des incisions dans l’arbre. Seuls les arbres plantés au Japon produisent un urushi qui tolère ce climat.[1] Selon le site officiel du gouvernement d’Hokkaido (en japonais).La collection d’accessoires de Ross permet de découvrir les qualités de l’urushi. apprendre un mot nouveau : urushi. » C’est toujours par cette phrase que Suzanne Ross commence ses conférences à l’étranger. Le terme urushi fait aussi bien référence à l’arbre (Toxicodendron vernicifluum) qu’à sa sève utilisée comme vernis, qui devient résistant et brillant une fois durci. Réputé pour ses remarquables qualités adhésives et de conservation et pour son esthétique, il est présent dans la vie quotidienne au Japon depuis les temps anciens. De nos jours, urushi est également le nom générique utilisé pour décrire tous les objets en bois recouverts avec cette matière. D’autres pays d’Asie l’utilisent, mais les laques japonaises, AMBASSADEUR DE TERRAIN résultant d’une technique propre à l’archipel, sont les plus anciennes au monde, comptant 9000 ans d’histoire [1]. Également utilisé pour la restauration des trésors nationaux, l’urushi fait partie des cultures traditionnelles importantes du Japon. Alors qu’elle était encore étudiante aux Beaux-arts à Londres, Ross, qui avait dix-neuf ans à l’époque, alla voir une exposition à la Royal Academy of Arts. Elle y fut subjuguée par une boîte d’un noir profond aux magnifiques incrustations, contenant une pierre à encre. « Je veux étudier l’urushi ! » décida-t-elle, portée par une inspiration soudaine, et elle s’envola pour le Japon sans billet de retour. « Je pensais naïvement que je maîtriserais la technique en trois mois et reviendrais alors en Angleterre », se souvient-elle. C’était avant de prendre conscience des insondables profondeurs de l’urushi, qui la fascine toujours autant après plus de... 35 ans ! Parmi les régions japonaises productrices de laque, la ville de Wajima, où Ross possède des studios et une galerie, a la réputation de produire des pièces de la plus haute qualité, appelées « Urushi no Jo-oh » (Reine de l’Urushi). La ville abrite l’Institut préfectoral de la laque de Wajima d’Ishikawa (Ishikawa Prefectural Wajima Institute Amis du Japonof Lacquer Arts), où les grands maîtres transmettent leur art aux nouvelles générations. Ross, quatre fois diplômée de cette école, se souvient : « C’était extraordinaire d’apprendre directement de trésors nationaux vivants, qui ne se conten- taient pas de nous enseigner leurs techniques, mais qui nous trans- mettaient leur enthousiasme. » En raison des processus multiples et complexes de l’urushi, les étudiants choisissent en général de se spécialiser, mais Ross maîtrise l’intégralité des techniques, ce qui constitue une prouesse pour une seule personne. Cette réussite lui a donné l’audace de s’affranchir des concepts traditionnels pour créer un urushi original, d’une pertinente modernité. « Cet accessoire en urushi est l’une de mes créations contemporaines. Chaque perle possède une qualité différente : mate, brillante ou texturée. » Elle nous montre également un bol décoré avec une dentelle plongée dans de l’urushi, et une assiette dont 26Suzanne Ross est l’ambassadrice officieuse de l’urushi hors du Japon. Ses belles créations et son puissant message ont une portée universelle.«Urushi : un trésor à préserver pour le monde entier

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