Pour nos Tomodachi Automne 2018
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27[1] Michael Llewellyn Smith, Ionian Vision: Greece in Asia Minor 1919-1922 (Vision ionienne : la Grèce dans l’Asie Mineure 1919-1922) (Ann Arbor: presse universitaire du Michigan, 2000), 309-310. [2] D’après les statistiques du Patriarcat grec en 1912, il y avait 1.782.582 Grecs en Asie Mineure. Parmi les provinces de la région, Smyrne comptait la population grecque la plus importante (622,810 habitants). Dimitri Pentzopoulos, The Balkan Exchange of Minorities and Its Impact on Greece (L’échange de minorités dans les Balkans et son impact sur la Grèce) (London: Hurst & Company, 2002). 30. TABLE III 15. [3] « Smyrna’s Ravagers Fired on Americans » (Les pillards de Smyrne ont tiré sur les Américains) The New York Times, 18 septembre 1922. [4] Preuve documentaire (767.68/450) extrait de « Stavros Stavridis, envoyé spécial pour Le National Herald ». [5] The Atlanta Constitution, October 15, 1922, A9, tiré de «Stavros Stavridis Special to The National Herald ». [6] Le Boston Globe, 3 décembre 1922, E4, extrait de « Stavros Stavridis, envoyé spécial pour Le National Herald ». [7] « Massacre à Smyrne » Empros, 4 septembre 1922.Numéro de juillet 2016 du journal grec Ethnos. Une plaque avec l’inscription « Une immense gratitude depuis 94 ans » a été offerte par des descendants de réfugiés à l’ambassadeur du Japon en Grèce en poste à l’époque, afin d’exprimer aux Japonais leur gratitude pour leur opération de sauvetage à Smyrne.Un article intitulé « Massacre à Smyrne: l’acte courageux des Japonais » a été publié dans le journal grec Empros le 4 septembre 1922 (17 septembre du calendrier grégorien), qui décrit les efforts déployés par un cargo japonais pour secourir des réfugiés grecs.tourna au carnage, quand les 600 000 habitants au moins qui composaient la population grecque de la ville [2] se transformèrent aussitôt en réfugiés. Beaucoup auraient perdu la vie. Cet évènement tragique, qui mit fin à 2500 ans d’histoire grecque en Anatolie, est connu sous le nom de « Catastrophe d’Asie Mineure » dans l’histoire grecque moderne. Au moment de l’incendie, des navires de guerre alliés se trouvaient dans le port, ainsi que d’innombrables navires marchands. Mais la plupart refusèrent d’accueillir les réfugiés. On rapporte qu’au milieu du chaos, un cargo japonais aurait déchargé toute sa précieuse cargaison pour faire monter autant de réfugiés que possible et les transporter jusqu’en Grèce. D’après un article paru dans le New York Times le 18 septembre 1922, « il y avait à Smyrne six bateaux à vapeur pour transporter les réfugiés, un américain, un japonais, deux français et deux italiens. L’américain et le japonais acceptaient tous les arrivants sans examiner leurs papiers, alors que les autres ne laissaient monter que les ressortissants étrangers munis d’un passeport ».[3] Le consul général des États-Unis à Smyrne confirma ces faits le jour-même au secrétaire d’État américain en ces termes : « Les passagers recueillis sur le navire parlent avec la plus haute estime de la gentillesse des officiers japonais et de leurs hommes ».[4] Des articles ultérieurs parus dans L’Atlanta Constitution [5] et Le Boston Globe [6] reprirent ces propos. Sous le titre « Massacre à Smyrne : l’acte courageux des Japonais », le journal grec Empros rendait ainsi compte de l’évènement : « Les actions courageuses menées par le capitaine du Tokei-Maru méritent d’être soulignées. Malgré la menace des Turcs, il a réussi à secourir 825 de nos camarades grecs. Après qu’il eut déchargé toutes les petites embarcations à bord, les soldats de Kemal les encerclaient, menaçant de les couler. En réponse, le capitaine les a prévenu : « Si vous osez toucher à un cheveu de la tête d’un de ces réfugié, je considérerai cela comme un affront au drapeau japonais et une menace à l’encontre du gouvernement japonais. » [7] Le fait que l’évènement ait été mentionné à plusieurs reprises par des sources médiatiques et diplomatiques fiables le rend plausible. Peut-être les incohérences des différents comptes-rendus sur les dates ou le nombre de bateaux, dues au chaos de la guerre, ne permettent-elles pas de considérer un récit en particulier de ce sauvetage par les japonais comme un fait « historique. » Je crois que lorsqu’il s’agit de sauver des vies humaines, la nationalité ne devrait faire aucune différence. Cependant, le contexte historique rend parfois difficile le respect de ses propres convictions. C’est justement selon moi parce qu’une personne a eu ce courage que cet acte est encore évoqué aujourd’hui. Au cours de mes recherches sur le sujet, j’ai reçu de nombreux témoignages de gens dont les proches ont été secourus. Près d’un siècle s’est écoulé depuis la tragédie de Smyrne. Avant cet anniversaire, j’aimerais voir ce grand geste inscrit dans l’Histoire.

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