Pour nos Tomodachi Printemps 2016
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22« Ça y est ! », a exulté Jun’ichi Hosogai avec un grand sourire, les deux bras en l’air, le 16 janvier 2016 dans le parc de luge et de bobsleigh de Nagano. Cette explosion de joie était motivée par l’annonce que l’équipe nationale jamaïcaine de bobsleigh avait décidé d’utiliser le bobsleigh de Shitamachi pour les qualifications aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud.Le mot japonais shitamachi, qui signifie littéralement « ville basse », désigne des quartiers traditionnels mêlant petites usines et habitations. Le bobsleigh de Shitamachi a été mis au point par un groupe d’industriels indépendants de la « ville basse » de l’arrondissement d’Ota, à Tokyo, dans le cadre d’un projet dirigé par Jun’ichi Hosogai, PDG d’une entreprise locale de transformation de l’aluminium. D’après lui, « les membres de l’équipe de la Jamaïque ont expliqué que nos réponses toujours positives, y compris à leurs demandes les plus exigeantes en matière de réglages du bobsleigh, ont emporté leur décision. C’est notre point fort. »Jun’ichi Hosogai a lancé le projet Shitamachi Bobsleigh en 2011 pour redorer le blason de l’arrondissement d’Ota en tant que centre manufacturier. Dans les années 1980, celui-ci abritait 9 000 ateliers spécialisés pour l’essentiel dans la métallurgie. Ces petites entreprises avaient coutume de travailler ensemble en jouant sur leur complémentarité, ce qui leur permettait d’accepter des commandes de toutes sortes et de fabriquer des produits de haute qualité.Mais Ota a été affecté par la crise économique et un grand nombre de dirigeants d’ateliers proches de la retraite ont dû fermer boutique parce qu’ils ne trouvaient personne pour prendre la relève. C’est dans ce contexte que M. Hosogai a eu l’idée de faire la promotion du savoir-faire de son arrondissement en construisant un bobsleigh pour les Jeux olympiques. Il fallait toutefois apprendre au préalable à travailler la fibre de carbone, car les industriels d’Ota ne connaissaient pas cette technique. Mais il était convaincu que la mise au point d’un bobsleigh leur permettrait de montrer l’étendue de leurs talents. Parmi les fabricants de bobsleigh, on compte des constructeurs automobiles aussi prestigieux que Ferrari et BMW, bien que cet engin ne comporte pas de moteur. La perspective de se confronter à la concurrence mondiale à un aussi haut niveau était vraiment exaltante.Jun’ichi Hosogai a commencé par emprunter un bobsleigh qu’il a entièrement démonté. Il a réalisé un diagramme de chaque pièce, cent cinquante au total, et il a disposé le tout dans une salle de réunion. Il a ensuite convié ses collègues d’une quarantaine d’ateliers d’Ota en leur demandant de regarder les différents éléments du bobsleigh, pour voir lesquels ils étaient capables de reproduire. Ses invités ont examiné les pièces et les diagrammes avec un mélange de perplexité et de curiosité. Ils ont ensuite discuté pour savoir qui ferait quoi. « Je peux me charger de celle-ci. » « Ça, c’est quelque chose pour toi. » C’est ainsi que l’esprit de coopération et de complémentarité s’est manifesté tout naturellement. Au bout du compte, la quasi-totalité des éléments a trouvé preneur. M. Hosogai a donné à chacun douze jours pour réaliser les pièces qui lui revenaient ; pour sa plus grande joie, tout a été terminé un jour avant l’expiration du délai. « C’est ce qui fait la grande force d’Ota », précise-t-il fièrement.Le bobsleigh de Shitamachi a commencé à donner des résultats dès qu’il a été achevé. En 2012, il a conduit une équipe féminine à la victoire à l’occasion des championnats nationaux de bobsleigh du Japon. Et l’année suivante, il a franchi la ligne d’arrivée à la septième place dans deux rencontres internationales masculines à l’étranger. On s’attendait donc à ce que l’équipe nationale japonaise choisisse le bobsleigh de Shitamachi pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, en 2014. Mais elle y a finalement renoncé, en partie parce qu’il n’avait pas été suffisamment possible de tester la fiabilité de l’engin dans des compétitions au Japon.Sans se laisser démonter, Jun’ichi Hosogai a réagi rapidement. Il a contacté l’équipe jamaïcaine de bobsleigh, dont le potentiel l’avait beaucoup impressionné. Pour le seconder, il a fait appel aux musiciens de reggae du groupe où il joue en tant qu’amateur, et à leurs connaissances sur la Jamaïque. « Quand on dirige un petit atelier, tous les moyens sont bons ! » avoue-t-il en riant.La route qui mène aux Jeux olympiques est longue et sinueuse. Mais pour l’équipe nationale de Jamaïque et le bobsleigh de Shitamachi, c’est un rêve qui ne fait que commencer. Des petites entreprises qui voient grand : le bobsleigh de Shitamachi vise les Jeux olympiquesDes Japonais au service des populations du mondeSite officiel de Shitamachi Bobsleigh [EN]http://bobsleigh-jp.tumblr.com/

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